Les œuvres de Yu Sung-Il nous posent des questions. Quelle est la place de l’homme dans la société, quelle est son attitude face à la mort ? Il s’attache donc à nous montrer à travers une mise en scène de matériaux divers : radiographie de crânes, projection de visages, un matériel de perfusions, des objets évoquant des séances de thérapies, le minéral, le végétal, liés ici aux matériaux électroniques basiques, le rapport qui existe entre l’intérieur et l’extérieur de l’être humain. C’est ainsi que fonctionnent ces radiographies qui, par défaut, montrent une facette de l’intérieur de l’homme. Comme dans une scénographie peinte de Francis Bacon (une référence possible), l’artiste révèle tantôt la dissimulation tantôt la possession à travers des éléments de la vie quotidienne, il injecte la nature ici et là . Une recherche de la lumière s’y dessine ainsi qu’une manière singulière de concevoir l’environnement comme sculpture. Des néons, du sel, un lit, des couvertures, des radiographies éclairées sur des troncs d’arbres, une chambre encadrée par un grillage, une scénographie au milieu de quartiers de viandes (photo saisissante réalisée par l’artiste). Puis des radiographies d’animaux, de poissons, Yu utilise la technologie pour déjouer ses fonctions. Ici, le temps apparaît dans et hors de toute activité humaine. Yu oppose "le mal intérieur et la sagesse lisible extérieurement sur le visage humain. Il tente de retrouver l’identité intérieure de l’homme. Constamment cerné par une société négative et imposant des cadres. Y u indique la nécessité de retrouver un sens au-delà de la matière. L’acte artistique de Yu Sung-Il rend compte d’une expérience intérieure intense et singulière qui s’incarne totalement dans les images qu’il nous donne à voir.
Patrick Amine, 1997.