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EXPLORATEUR DE L’INSTABLE ET DU DECONCERTANT

Au salon de Montrouge, il se tenait debout devant son ¦uvre constituée de miroirs convexes accrochés au murset d’un miroir qui tournait autour d’un axe légèrement décentré. Il distribuait des feuilles ronéotypées et donnait longuement, à qui le souhaitait, les explications demandées et même au-delà. " Je suis très solitaire, dit-il lorsqu’on l’interroge sur cette attitude. Donner ces papiers était une façon pour moi d’entrer en rapport avec les autres. J’ai besoin de ces conversations. " Il confiera encore que, pour lui, le jeu est plus intéressant que les règles. KIM Hyung Gi est en France depuis 8 ans. A Séoul, il avait étudié les sciences physiques. Elles l’ont durablement marqué. Il s’est livré, après cela, à des activités connexes et marginales de journaliste, de cartooniste, à la photographie, à la pop music. Aujourd’hui il a abandonné définitivement, semble-t-il, la physique pour cette activité s’intéressant à la plus mystérieuse, plus intérieure qu’est l’art alors que la science serait plus extérieure, tout en affirmant que l’art et la science c’est la même chose. Comme beaucoup d’asiatique vivant en France, KIM Hyung Gi a découvert ici ce qu’était, le moi son moi, façon subjective d’envisager et de vivre le monde face à l’objectivité de la science. KIM Hyung Gi est un chercheur, un explorateur intrigué de l’instable et du déconcertant: " Je fais des ¦uvres avec ce que j’ignore " dit-il. KIM Hyung Gi pose des questions des hypothèses, se hasarde dans l’inconnu récalcitrant. Ses ¦uvres sont des expériences. Ici, c’est le langage qui est en cause avec des jeux sur les mots. Là, c’est l’imagination qui est surprise. Des carreaux assemblés en carré avec des interstices entre eux sont installés au murs avec tubes de néon par derrière, qui s’allument et qui s’éteignent à intervalles réguliers. Les carreaux de faïence paraissent blancs ou gris selon que la lumière jaillit ou s’abîme, livrant le réel à l’intrépidité et aux illusions des sens. A travers l’art KIM Hyung Gi poursuit les interrogations qui étaient les siennes lorsqu’il était étudiant en sciences physiques. Scrutateur d’un univers troublant où l’énigme est présente à chaque instant, fascinante et opaque.

Michel NURIDSANY, extrait du catalogue * ARTSENAL ateliers d’artistes *,1995, édition "FRAGMENTS"