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Calotypes
Mes images sont des Calotypes, procédé inventé par W-H. Fox Talbot entre 1838 et 1840. Cest le premier procédé négatif, fondateur donc de toute la photographie contemporaine. Jutilise une version améliorée par Gustave Legray, appelé aussi papier ciré sec. Le principe de base réside dans lutilisation dun papier comme support de lémulsion. Le procédé initial préconise un papier à lettre léger et bien encollé; je préfère quant à moi utiliser toutes sortes de papiers (essuyage, toilette, emballage, dessin) afin de faire varier la trame et la finesse du rendu. Après le choix du support commence la préparation. Les recettes laissent le choix entre cirage et paraffinage. Jai choisi la deuxième solution car si la paraffine correspond mieux à ma manière de travailler, japprécie la référence implicite à lalchimie ; elle est de plus reliée au travail de plusieurs plasticiens notamment celui de Pierre Minot avant quil ne devienne photographe. Ensuite, un peu de cuisine, petit lait ou albumine (blancs dufs montés en neige) et sucre de lait additionné diodure de potatium pour enduire le papier. Une fois sec on sensibilise à lacétonitrate dargent. La préparation est sensible 3 jours avant de totalement se détériorer. On révèle à lacide gallique, on fixe à lhyposulfite, on rince. Ce sont paradoxalement les défauts du procédé qui mont séduit : le grain, la fibre du papier qui montrent la matière de la photographie en même temps que le sujet photographié ; la préparation artisanale du négatif qui me permet de fabriquer mon image jusquau tirage (je prépare une série sur papier salé et cyanotype, pour maîtriser totalement le processus) ; la faible sensibilité qui implique des temps de pose de lordre de 15 minutes en extérieur par temps clair : le 1/125è de seconde nest quun concept qui na dexistence physique que pour des athlètes de haut niveau, le 1/4 dheure est une séquence de vie, ce qui donne aux portraits à la fois un aspect figé et naturel, puisque le modèle doit rester immobile mais aussi oublier ses tics ou mimiques qui disparaissent dans la longue pose, ne laissant que lessentiel de son expression et de sa personnalité impressionner la surface sensible. Tout le jeu est de trouver un équilibre, pour moi, ici, cest lorsque sestompe la frontière entre figuration et abstraction.
Mes photos
Mes photos utilisent plusieurs techniques, mais toutes visent à mettre en avant la dégradation et la disparition de limage en utilisant les défauts des procédés et/ou à rendre palpable le temps de la photographie, tout en jouant sur divers supports. Oxydation du support métallique, altération du négatif calotype Poses très longues pour des portraits Cela conduit à une réflexion sur la représentation. Jusquoł la photographie est-elle fidèle à son modèle, jusquoł est-elle encore une photographie, jusquoł est-on photographe ?